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ORIGINE : France
Variante de Carnac-Plouharnel. |
UN PEU D'HISTOIRE
Tout l'ouest du pays d'EN DRO est remarquable par sa forme en cortège, qui a remplacé la ronde ou la chaîne. C'est vers la fin du 19ème siècle et le début du 20ème que sont apparues les premières fantaisies qui ont permis, plus tard, le découpage de la ronde ou de la chaîne. Soit que le cavalier et sa cavalière se tournaient l'un vers l'autre toutes les 4 mesures sans rompre la ronde, soit que le cavalier lançait sa cavalière vers le centre de la ronde (Kas-abarth : envoie en dedans), avec déjà l'amorce de la rupture de la ronde. Ces 2 façons, qui altéraient profondément le sens communautaire de la danse, ont abouti finalement à l'individualisation du couple. C'est la première guerre mondiale qui a fait charnière, et si des témoignages sérieux prouvent l'apparition du cortège ici et là, avant 1914, c'est bien après celle-ci qu'il faut en voir la généralisation. |
SITUATION
La forme en cortège est limitée à l'ouest par la Laïta et l'Ellé; à l'est, sa milite peut être fixée par une ligne partant de la rivière de Crach et passant entre Baud et Quistinic avec, toutefois, des infiltrations sporadiques jusqu'à la rivière d'Auray; au nord, nous voyons une profonde pénétration en pays de gavotte, jusqu'à Bubry, Inguiniel, Guilligomarc'h; à ce sujet, il est intéressant de constater l'extension de la mode vestimentaire de Lorient-Groix dans cette région... ceci pouvant explique cela... |
APPELLATION
Selon le style, l'emprunt au terroir voisin, l'influence de la région limitrophe, le nom donné à en dro en cortège est différent : Dans a zailheu dans la partie nord-ouest; en dro Mod Langidik dans sa partie nord-est, vers Quistinic; parfois Gavotte dans la presqu'île comprise entre la Laïta et l'embouchure du Scorff. Dans une large bande côtière entre Port-Louis et Carnac, en dro en cortège est actuellement popularisé par l'expression Kas-Abarh, qui désignait, déjà au début du 20ème siècle, la broderie apportée à la ronde. Cette expression est donc antérieure à la forme en cortège. De plus, pour les danseurs traditionnels entre Port-Louis et Carnac, c'est toujours par En Dro qu'ils désignent cette danse, même s'ils connaissent l'expression Kas-Abart. On a utilisé également, entre Port-Louis et Auray, les noms de Jabadao, Jibideau pour désigner le cortège, noms peut-être justifiés par l'exubérance relative de celui-ci par rapport à la tenue de la ronde. Dans l'étude qui suit, nous décrirons la variante d'En Dro (Kas-Abarh), existant entre les rivières d'Etel et de Crach, et particulière aux danseurs populaires de Carnac-Plouharnel-Erdeven. |
DESCRIPTION DE LA DANSE |
Position des danseurs. | C'est une danse par couple, cavalier à gauche. La prise se fait par le petit doigt. Les avant-bras se touchent, en une position un peu plus relevée que l'horizontale (voir figure), cavalier et cavalière restant écartés au niveau des épaules. Le bras gauche libre du cavalier est replié derrière le dos (paume vers l'extérieur); le bras droit-libre de la cavalière est tombant. | |
Le pas. | La danse est composée de 4 motifs de 2 temps (musicaux), correspondant à 4 changements de pas : GDG - DGD - GDG - DGD. Nous avons choisi la formule de comptage pratique : 1 et 2 - 3 et 4 - 5 et 6 - 7 et 8, correspondant aux temps forts de la musique. | |
Motif 1. (temps 1 et 2) | Les danseurs exécutent un changement de pas vers l'avant : GDG. | |
Motif 2. (temps 3 et 4) | Les danseurs exécutent un changement de pas vers l'avant : DGD. | |
Motif 3. (temps 5 et 6) | Les danseurs exécutent un changement de pas GDG, mais le cavalier ralentit sa progression vers l'avant et, tout en marquant les pas, amorce 1/4 de tour sur sa droite, tandis que sa cavalière continue sa progression vers l'avant, guidée par le mouvement du bras droit du cavalier (attention, pas d'envoi sur le côté). A ce moment, les 2 danseurs sont en décalage. Au temps 6, la cavalière se prépare à revenir sur elle-même, en se tournant sur sa gauche, toujours guidée par le cavalier, commençant ainsi un trajet retour en "épingle à cheveux". Attention, pendant sa marche vers l'avant, la cavalière doit garder la même progression, et non pas accélérer ou allonger le pas. | |
Motif 4. (temps 7 et 8) | La cavalier achève le 1/4 de tour esquissé pendant le Motif 3., et continue de guider sa cavalière qui passe dabs son champ frontal. Elle dépasse son cavalier qui se tourne encore un peu plus, présentant ainsi plus ou moins le dos au sens de la danse. Le cavalier fait ensuite revenir sa cavalière dans le sens de la marche, en la tirant à lui, lui faisant décrire une boucle dont l'ampleur conditionne le retournement du cavalier.. Pendant ces 2 évolutions (boucle et retournement) qui se font sur la formule DGD, le cavalier doit donc légèrement progresser en reculant, selon son orientation, ce qui ajoute de l'amplitude à la boucle décrite par la cavalière et la facilite. Entre le Tps. 8. du Motif 4. et le Tps. 1. du motif suivant, le cavalier se remet progressivement en position de départ en se tournant sur sa gauche/ | |
Style de la marche. | La progression vers l'avant est nette. Il n'y a pas de piétiné - les pieds se posent à plat et ne traînent pas. Le pied du changement de pas qui prend appui à tous les temps "ET", vient se poser à côté du pied au sol, légèrement en arrière (d'une 1/2 à une longueur de pied), voir dessin. Les prises d'appui sont nettes sans toutefois frapper le sol. Il n'y a pas de tremblé au niveau des genoux. La danse est continue, sans rupture entre les différents motifs. Même si un décollement du talon apparaît au pied arrière, se rappeler que la "tendance" est à plat. | |
Mouvement des bras. | Les avant-bras marquent les temps forts sur les Motifs 1 et 2. Ils scandent la marche par un mouvement naturel, net, ressenti (donc non commandé), d'une ampleur variable selon le tempérament. C'est un mouvement de haut en bas, donc éviter les mouvements en "bielle de locomotive". | |
Pendant les Motifs 3 et 4., les mains (droite du cavalier et gauche de la cavalière) décrivent un dessin semblable au trajet de la cavalière (voir figure) tout en restant parallèles au sol. Attention de ne pas baisser mains et avant-bras, surtout à la fin du Motif 4., avant de reprendre la position de départ. |